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LeGueuloire

20 mai 2013

Funeste attente

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Le monde est son royaume, elle rode tout autour de nous, nous frôlant de son voile de givre sans que jamais nous ne sentions sa froide et terrible présence. Pourtant, un jour nous ressentirons son regard de glace se poser sur nous, consumant de son feu mortellement froid notre âme pour l'éternité. Car qu'on se le dise, un jour nous entendrons son triste tambour accompagné de ses funestes chants qui toujours l'accompagnent comme autant d'ombres silencieuses. Où serions nous quand, recouverte de son brouillard obscur l'enveloppant à la façon d'une robe noire aux fines et délicates coutures, elle posera délicatement sur nos lèvres son terrible baiser?

Nous surprendra-t-elle dans une de nos journées anodines, comme un coup de foudre surprend nos cœurs à la vue de ravissantes créatures, apparaissant alors sans avertissement, nous arrachant du monde de sa faux d'argent? Serions nous plongés au cœur de terribles batailles, notre dernière vision du monde étant l'ombre de cette triste madone accablée du devoir de récupérer les âmes de tous les champs de batailles de l'Histoire, ou viendra-t-elle comme une amie, alors que nous serions allongés dans notre couche pour cette ultime nuit, où de ses mains blanches tel du marbre, elle viendra cueillir notre dernier souffle, comme l'on cueille une fleur fanée, nous délivrant de nos tourments?

Quoi qu'il en soit, n’espérez pas lui échapper, car toujours elle veille sur nous comme un ange sinistre, attendant le moment propice. Nous ne pourrions gagner du temps face à elle et ses cruelles horloges, car elle sera à l'heure, comme d’habitude.  

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20 mai 2013

La femme au corbeau

 

 

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Depuis aussi loin que se souviennent les majestueux chênes de la vaste forêt, rodait, au plus profond des bois millénaires au pied de sages montagnes perçant le ciel de leur sommet d'argent, cette femme et son corbeau. Elle était de cette beauté que seules les plantes sauvages et rares possédaient, ce charme presque surnaturel que n’ont que ces animaux farouches et fiers, gardiens de ces temples silencieux où la nature, magnifique et cruelle régnait en maîtresse absolue. Cette femme était de cette nature indomptée et méconnue du monde misérable des hommes. Elle avait au plus profond de son regard cette force impartiale que la nature lui avait autrefois léguée à l'aube des temps, lorsqu’elle avait dû créer une protectrice de ce royaume verdoyant. Depuis ces jours immémoriaux, la jeune femme, jamais ne changeant à l'image du temps, parcourait l'immense forêt accompagnée de son corbeau, grand et puisant oiseau qu'Odin avait choisi comme messager de son savoir. Ce dernier, dans la langue que seuls les anciens druides connaissaient l'usage, la guidait dans son éternelle tâche de protéger la forêt, sanctuaire perdu des êtres de magie, cœur du monde, jardin secret de nos rêves. Et par les nuits claires d’automne, quand la multitude des feuilles irisées laisse place aux étoiles et aux histoires qu'elles nous racontent dans velours des cieux ; la femme au corbeau, perchée à la manière de son oiseau; chantait comme eux au clair d'une Lune bienveillante, les paroles des chants connus jadis, le vent portant par delà les montagnes ces paroles délicates et douces dont les arbres se nourrissent. Aujourd'hui encore, alors que l'antique monde des arbres et des elfes se meurt, on peut percevoir, par delà les vents hivernaux chargés de neige, les chants mystérieux et envoûtants de la femme au corbeau.  

 

20 mai 2013

Le nouveau règne de Pan

Joshua Meehan

Imaginez une planète où l'air suffocant rend le soleil à peine visible aux heures les plus claires de la journée, imaginez un monde où les océans, autrefois vastes oasis de vie et pouponnières de toutes les espèces sont devenus d'immenses déserts emplis d’immondices, vastes poubelles regorgeant des déchets infâmes d'une société à l'agonie. Les barrières de coraux autrefois joyaux de la nature ; à l'image de leurs sœurs terrestres verdoyantes transformées en tas de sciures et de cendres brûlantes par l'avidité d'une espèce aussi perverse que dangereuse ; ont perdu tout leur éclat et ne sont alors que d'immenses murs blanchâtres, plaie immonde et stérile, où nulle vie ne s'attarde devant le spectre de leur splendeur disparue, entraînant dans leur mort le reste de la nature. Les forêts ne sont plus que l'ombre d'elles-même, peuplées de créatures apeurées, loin de la splendeur de leurs ancêtres des premiers âges, cerfs rayonnant de puissance et sangliers féroces, rois et maîtres d'une nature aujourd'hui oubliée au confins des histoires d'un passé ancestral. Nul n’échappe à la cupidité de la nouvelle race encore jeune mais s'imaginant déjà maître du monde et des éléments, même les isolées et mystérieuses régions boréales, habitées par les esprits de notre monde périssent sous le joug cruel et sans pitié de valeurs abstraites que les nouveaux seigneurs de la Terre adulent plus que la nature qui leur a donné la vie.

Ils vivent au centre de villes sombres et immenses, posées là comme d'affreuses montagnes impies aux couleurs de la suie, s’étendant inlassablement en dévorant comme un monstre infernal l’environnement qui l'entoure. A l'ombre des tours sans vie, aussi froides que le tréfonds de leur âme, leurs semblables, devenus morts vivants par une vie de travail, migrent chaque jour en masse silencieuse et moribonde telles des armées spectrales pour recueillir péniblement de quoi vivre. Car ils s'imaginent encore vivants, mais ce n'est plus du sang qui s'écoule dans leurs veines ni de l'air qu'ils respirent, leur corps tout entier ne dépend plus que de l'argent. Ils sont devenus les esclaves de ce qu'ils ont crée, incapable de se défaire de cette addiction mortelle, entraînant dans leur folie le monde où ils vivent et toutes ses richesses.

Alors qu'ils s'en vont chaque jour chercher un peu plus de cet argent invisible et virtuel avec la certitude de la réussite, menés par les quelques gouttes d’espoir qui alimentent encore leur cœur en berne, ils délaissent leur progéniture à de ténébreux érudits, au savoir aussi grand que leur clémence, vomissant sans cesse, au plus profond de leur sanctuaire maudit, d'insipides leçons à des masses ignorantes et naïves qui les écoutent avec l'attention effrayante de fervents croyants écoutant le discours de leur prêcheur. Ce noir inquisiteur des bonnes mœurs et de l'éducation leur narre passionnément les histoires d'un monde qui au dehors de ces salles balafrées par des hideux néons, n'est plus que la pâle imitation de sa splendeur originelle.

Quand vient l'heure de retourner dans leur impersonnel foyer, ils ingurgitent salement et sans soucis les derniers bienfaits qu'une nature surexploitée a à leur offrir autour d'une triste et pâle imitation de famille. Durant ces heures qui devraient être faites de réjouissances de revoir les êtres proches après une dure journée de labeur, elles ne sont faites que d'ignorance mutuelle et de conversations banales à l'image de leur vie misérable et morne. Les parents, abrutis de rêves de richesses et de vie bien rangée, s'imaginent ne pas avoir à faire l'éducation de leur enfants, le sénile et affreux professeur s'en chargeant pour eux.

Ces accablés et oubliés de tous, que sont les jeunes de ce monde décrépi, s'en vont passer la nuit dans le monde virtuel, pensant alors ce libérer des règles idiotes et autoritaires imposées par une société qu'ils n'ont pas choisi. Ils se laissent alors séduire par les marchands de rêve qui parcourent ces infinis espaces binaires, proposant sexe et richesse aux yeux de ces rêveurs déchus, tombant dans les pièges de l'ignorance. Ils reproduiront alors plus tard ce que ce vaste monde de débauche numérique leur montre, la leçon de vulgarités et de niaiseries étant bien plus compréhensible que les idioties de leur maître d'école.

 

Ce monde n'est pas celui de demain, il est de chacune de nos journées. Car c'est ainsi qu'est la fin de l'espèce humaine, décadente et totale.

 

 

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